Les Québécois délaissent les petites voitures au profit des véhicules utilitaires sport (VUS). Plusieurs constructeurs, dont Toyota, Honda et Ford, abandonnent même leurs sous-compactes pour miser sur leurs VUS. Une situation qui a des impacts directs sur l’environnement ainsi que sur le portefeuille des consommateurs […]
« Le Québec a été pendant des décennies le royaume de la petite voiture en Amérique du Nord, souligne George Iny, directeur de l’Association pour la protection des automobilistes (APA). Des compagnies comme Volkswagen, Honda ou Toyota y trouvaient un marché de choix pour leurs plus petits modèles. »
Les préférences des Québécois ont cependant changé depuis au moins cinq ans, selon ce qu’a observé Yves Varin, directeur national du service d’alimentation de données chez Canadian Black Book : ceux-ci sont dorénavant attirés par l’espace de chargement, la traction intégrale et les équipements sophistiqués des VUS.
« Je peux vous dire que ça fait vraiment l’affaire des constructeurs, qui souhaitent depuis longtemps délaisser les sous-compactes et les compactes […] au profit des VUS, note-t-il. La raison en est extrêmement simple: peu importe la façon dont on examine la situation, c’est une question de profitabilité. Les constructeurs ne font pas d’argent sur les automobiles. »
« Le constructeur peut aller chercher de 3 000 à 5 000 $ de plus [avec un VUS] que ce qu’il pouvait obtenir pour une berline offrant les mêmes caractéristiques », atteste George Iny…
Gare aux ballounes et au surendettement
L’attrait des VUS peut également fragiliser les finances personnelles des acheteurs. «Les gens vont s’étirer dans des achats qui n’ont pas de bon sens à cause des termes de financement de 84 mois, voire 96 mois», soutient Yves Varin.
Si vous voulez changer de voiture avant la fin de votre prêt et que la valeur marchande du véhicule que vous remplacez est moins élevée que ce qu’il vous reste à payer, vous vous retrouvez avec ce qu’on appelle une « équité négative », ou « balloune ». Plusieurs concessionnaires offrent de transférer cette dette dans un nouveau prêt-auto, mais cette pratique est illégale au Québec, selon l’Office de la protection du consommateur […]
Selon Yves Varin, près du tiers des Québécois ne se rendent pas à la fin de leur terme et décident plutôt de reporter leur solde restant au prêt d’un nouveau véhicule. « J’ai vu le cas d’une camionnette qui valait 35 000 ou 40 000 $, mais qui était financée pour 70 000 $ », déplore-t-il.
« Le Québec est devenu le royaume du petit VUS », observe George Iny.